Nos entreprises demain, entre résilience, responsabilité sociétale et évolutions technologiques
Face à la crise sanitaire du Covid-19, les individus et les organisations ont dû faire preuve, parfois dans l’urgence et l’improvisation, de flexibilité et de réactivité pour s’adapter à la nouvelle situation. Une fois les premières difficultés surmontées, chacun se plaît à imaginer l’avenir, et à réfléchir à l’impact que les évolutions récentes pourront avoir, minimes ou plus décisives, sur lui-même, sur son entreprise. Il cherche à y répondre au mieux, et à y intégrer une partie de ses valeurs et de son ADN.
Chez Diatem, nous avons bien sûr suivi le même cours, et mené une réflexion sur nos métiers et ceux de nos clients, entre résilience, responsabilité sociétale et évolutions technologiques. Nous avons formalisé l’ensemble et souhaitons vous le faire partager, aujourd’hui, en toute modestie, comme un point de vue, un essai d’interprétation de ce que cette crise aura finalement signifié pour nous et nos entreprises. Vous découvrez à la suite le premier d’une série de six articles, qui vont progressivement de la réflexion formelle aux implications opérationnelles. Nous vous souhaitons bonne lecture et nous réjouissons de vos remarques et commentaires.
La résilience au-delà de la compétitivité
Un des phénomènes marquants de cette crise est que du jour au lendemain, le concept de résilience avait envahi les média. Un terme que nous connaissons bien en langage numérique dans la mesure où la résilience des infrastructures et des services s’impose comme un prérequis à tout projet, l’idée étant de pouvoir assurer une continuité de service en cas de problème ou de panne. Il s’agit en effet d’anticiper des situations imprévues afin d’assurer la reprise ou la continuité de l’activité de nos clients.
Aujourd’hui, la résilience prend une autre dimension. Elle résonne comme une injonction pour les entreprises et leurs collaborateurs, comme une nécessité impérieuse pour survivre à la crise que nous traversons. Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, évoque la résilience comme une nécessité individuelle et collective pour surmonter le traumatisme de cette crise sanitaire – cf. article du 28/04/2020 Echange avec Serge Tisseron paru dans l’ADN. Il évoque en l’occurrence la notion de plasticité organisationnelle qui doit permettre à un groupe, ou à une entreprise, de faire face à une situation inattendue en s’y adaptant et en réorganisant les repères collectifs rapidement.
Mais pour les individus, le choc est d’abord émotionnel ; les mesures de confinement pouvant être vécues par certains comme un véritable trauma. Le rôle de l’entreprise est alors de redonner du sens au collectif tout en ayant une approche individuelle. L’entreprise doit fédérer ses collaborateurs pour renforcer l’idée d’appartenance à un groupe, à une communauté. Dans ce contexte, la solidarité et l’empathie auront un rôle critique à jouer. Pour répondre à leur besoin de sécurité, les collaborateurs auront également besoin de savoir que l’entreprise ou l’organisation à laquelle ils appartiennent est préparée à l’imprévu et sera en mesure d’affronter de nouvelles situations exceptionnelles. La flexibilité et la capacité d’adaptation deviennent alors elles-mêmes des repères pour les collaborateurs.
Boris Cyrulnik, célèbre neuropsychiatre, est l’un des spécialistes français du concept de résilience. Il a participé à la démocratisation de ce terme dès la fin des années 90 et y a par ailleurs consacré plusieurs ouvrages. Récemment interrogé par le magazine Courrier Cadres au sujet de la capacité des entreprises à traverser la crise actuelle – cf. Après la crise du coronavirus, la culture de la performance sera critiquée – il a livré quelques clés qui permettront aux entreprises d’être résilientes face à la crise : la bienveillance et la solidarité qui primeront sur la productivité à tout prix, la modification de notre rapport au travail pour échapper à l’emballement temporel dans lequel nous nous trouvions, la réorganisation des circuits de distribution et la relocalisation des centres de production, la diversification des activités pour réduire les risques, l’octroi d’une plus grande autonomie aux collaborateurs, etc. Pour lui, un retour aux modèles d’avant crise conduirait les entreprises à leur perte. La résilience passera incontestablement par un changement des modes de production, par une réorganisation du travail, et par une remise en question des systèmes de management. Le retour à une situation antérieure s’avère ainsi non seulement peu praticable, mais risque aussi d’être contre-productive.
Nécessité de se repenser tout en recadrant ses valeurs : la responsabilité sociétale des entreprises
Ainsi, la seule nécessité nous conduirait déjà, nous, individus mais aussi entreprises, à prendre le temps de repenser nos modèles économiques. Mais au-delà de la stricte nécessité, peut-être pouvons-nous profiter de ces temps d’instabilité pour façonner un modèle de société plus durable, plus raisonnable, et finalement plus conforme à ces valeurs que nous affichons parfois sur nos chartes d’entreprise, et de manière plus modeste mais d’autant plus sincère au tréfonds de nous-mêmes ? Serons-nous capables de frustrer notre appétit capitaliste au profit d’un nouveau modèle de croissance ? Un modèle où l’humain et l’environnement seraient désormais au cœur des préoccupations ? Un modèle où l’entreprise aura pris pleinement conscience de sa responsabilité sociale, environnementale et territoriale ?
Cette crise aura eu le mérite de mettre en lumière les limites de nos modèles de production et de nos modes de consommation. Elle aura mis en exergue notre dépendance industrielle, et de plus en plus dans le domaine des services, à la Chine ou à d’autres économies dominantes et aura permis de faire comprendre les enjeux des circuits courts et ceux d’une production locale. Et ce constat est également transposable au monde de l’IT. En l’espace de 25 ans, par ignorance, faiblesse ou complaisance, nos entreprises sont devenues totalement dépendantes des principaux opérateurs de services américains : Microsoft, AWS, Oracle, Vmware, Google, etc.. A chaque fois que nous confions une prestation de service ou que nous adoptons une solution IT, nous devrions nous poser la question de la pertinence de notre choix : pas simplement sous le prisme performance / prix, mais aussi en réfléchissant à l’impact de notre décision sur le tissu économique local, sur son incidence sur l’emploi, sur l’attractivité du territoire pour les talents, sur son effet sur l’indépendance IT de votre entreprise et la sécurité de ses données. Et finalement en dernier ressort sur la pérennité du modèle économique dans lequel elle s’insère. Comme dans l’univers du BtoC, il est peut-être temps de conscientiser l’acte d’achat en BtoB.
De notre point de vue, une entreprise s’inscrit évidemment dans un marché, mais elle s’inscrit également dans un quartier, dans une ville, dans une région, dans un environnement, dans une filière, dans un éco-système humain qui commence dès l’école ou l’université. Elle n’agit pas dans son seul microcosme mais interagit avec d’autres acteurs au sein d’un système plus vaste ; elle fait partie d’un réseau.
Chez Diatem, ces problématiques nous sont connues, et nous sommes conscients de leur importance. La crise Covid 19 a pour nous aussi été un prétexte de contribuer à mener une réflexion plus formalisée, en bénéficiant de l’apport irremplaçable de nos clients. Nous en avons retiré l’intime conviction que le monde de demain sera peut-être meilleur, mais aussi très différent. Nous nous proposons de mettre en lumière dans nos prochaines publications le fruit concret de nos réflexions dans le domaine de l’IT.